Arrivederci amore!

I miei amici, I miei amori,

Mes derniers jours à Positano ont été passés à manger tout ce que je ne retrouverais pas à la maison, pas nécessairement parce que ces produits n'existent pas à Montréal, mais principalement par ce que la fraîcheur des produits et le goût du terroir sont impossibles à reproduire.

Comment serait-ce possible ? Les langoustines et les calmars ont été pêchés le matin même, la mozzarella buffala est encore tiède, car elle arrive directement de la fromagerie, les tomates sont si sucrées que l'on croit manger des bonbons et les herbes fraîches ont un petit goût salé provenant de l'air méditerranéen.

Pasta agli scampi e i frutti di mare de Chez Black


Ristorante L'Incanto

Mozzarella di buffala e pomodorini a L'Incanto

 
 Calamari ripieni di mozzarella e pomodorini al ristorante Max

Pasta fresca con scampi al ristorante Max

La seule exception a été le tartare de boeuf que j'ai mangé vendredi au restaurant La Cambusa. J'ai rencontré la copropriétaire de ce restaurant le jour de mon arrivée à Positano, le 15 mars. Elle me raconta comment elle était venue à Positano il y a 35 ans, comment elle était tombée en amour avec cette magnifique ville et n'était jamais repartie. Elle a éventuellement ouvert La Cambusa et est, à ce jour, toujours en amour avec Positano!

Par contre, pour ce qui est du tartare de boeuf, Montréal est passé maître pour un tartare relevé et savoureux. Ce n'était pas le cheeseburger avec bacon dont je rêvais, mais c'était quand même satisfaisant de manger de la bonne viande rouge. Le plus étrange est que je ne mange presque jamais de viande rouge à la maison, mais après plusieurs mois de poissons et de fruits de mer, je crois que j'avais une carence de globules rouges.

La Cambusa au deuxième étage



Tartar di carne al ristorante La Cambusa

Pizza Napoletano al ristorante Capricci

Mardi, en dînant Chez Black, j'ai la larme à l'oeil en regardant la plage devant moi. Je n'arrive pas à arrêter les larmes de couler. Mon serveur préféré, Rosario, voit bien que j'ai le moral dans les talons et m'encourage en me disant que je serai de retour plus vite que je le pense... Je termine de manger, je suis prête à partir et un magnifique jeune homme s'approche du restaurant et demande pour s'assoir. Rosario le place à côté de moi et me regarde avec un grand sourire et un regard taquin. Voici sa façon de me remonter le moral! Le nouveau client commande des raviolis et Rosario me fait signe de lui parler en donnant des coups de tête vers le beau jeune homme. Rosario m'offre un digestif pour m'empêcher de partir. Étant chacun seul à notre table, il fut très facile de me présenter et d'engager la conversation. Gustavo est argentin et vit à Buenos Aires. Il a 29 ans et vient de faire ses études en architecture. Il voulait voir le monde avant de commencer à travailler, alors il fait le tour de l'Europe pendant deux mois. Gustavo a les cheveux noirs, les yeux bruns foncés, le teint basané, un magnifique sourire et les plus belles dents blanches que j'ai vus depuis longtemps. Il est absolument charmant, jasant et après mon deuxième digestif, Gustavo finit son repas et doit repartir. J'ai le droit à une bise, un courriel et une invitation à Buenos Aires, guide personnel inclus. Mon sourire était revenu et Rosario était très fier de lui.

Mercredi, mon dernier jour. Je me promène partout dans Positano avec le coeur gros et le regard avide de toutes images. La distribution de câlins et de bisous va à plein régime et je ne sais plus où donner de la tête. Je suis distraite, je monte et je descends mes escaliers maintes fois en oubliant quelque chose à chaque fois. J'ai encore mal à l'estomac alors je reprends des antiacides.

Je me suis promis de manger des pâtes au homard Chez Black pour mon dernier repas à Positano. Je mets ma robe un peu rétro à picots noirs, je porte mes fuck me shoes, j'arrive de chez le coiffeur alors je me sens très chic et très heureuse de sortir ce soir. Je me régale encore une fois des pâtes au homard, me léchant les doigts à chaque bouchée. L'antiacide ayant fait son effet, je bois du vin blanc sans difficulté! Vers 20 h, le ciel fut couvert d'un tapis noir et au loin, les éclairs et le tonnerre faisaient un ravage. Gianfranco me dit en passant « Get ready, it's coming! ».
Et effectivement, à 20 h 30, un orage spectaculaire nous est tombé dessus. Les éclairs étaient maintenant à quelques kilomètres seulement de la rive, le tonnerre nous faisait sursauter par sa force et le ciel était devenu un distributeur d'eau de l'ampleur des chutes Niagara et le vent poussait l'eau dans le restaurant. En deux temps trois mouvements, tous les clients assis à la terrasse sont rentrés dans le resto avec assiettes et verres de vin à la main. Les serveurs ont fermé la grande porte coulissante qui longe toute la façade du resto. Le courant fut coupé à quelques reprises. Le niveau de bruit est monté de plusieurs crans, car cette grosse tempête nous a transmis une fébrilité grandissante, personne ne pouvait sortir du resto alors le vin coulait à flots et comme on dit si bien au Québec, le party était pogné! Vers 22 h, la tempête se calma et il était alors possible de s'assoir sur la terrasse sous l'auvent. Je bois mon verre de vin tout en regardant à l'horizon les éclairs persistants et je vois du coin de l'oeil Giovanni qui se dirige vers moi. J'ai le temps de le flatter et de lui dire quelques mots d'amour avant que Monsieur Black n'ouvre la porte pour qu'il puisse rentrer et être bien au sec. Une chance que Giovanni est venu me dire au revoir, car je m'en serais voulu de ne pas le voir avant mon départ. Il est 23 h 30, la pluie a cessé. J'embrasse tout le monde avant de partir, je reçois de gros câlins et ils me font tous promettre de revenir le plus rapidement possible. Je ne m'endors pas avant 2 h 30 du matin. Je suis assise sur la terrasse à regarder la mer illuminée par le clair de lune et je ne peux pas m'empêcher de pleurer. Je regarde intensément tout autour de moi pour que mes yeux enregistrent tout et lorsque j'aurai 90 ans, vivant dans un endroit moins attirant, je pourrai fermer mes yeux et revivre encore une fois la beauté de cet endroit. Mon rêve a été réalisé, mais je dois maintenant partir, c'est terminé...


Pour ceux qui ne le savent pas, mon séjour de trois mois à Positano était un essai. Je m'explique. Depuis que je suis venue à Positano en 2010, je ne rêvais que d'y revenir et même d'y rester.Cependant, j'étais très consciente que vivre à Positano pendant une longue période de temps n'est pas du tout la même expérience qu'une courte visite de deux semaines. Je devais cependant en avoir le coeur net et l'essayer. C'est fait et voici la conclusion de mon expérience.

Je crois qu'il n'est pas réaliste de vivre à Positano sans avoir un emploi, car c'est une très petite ville sans divertissement, sans musée, sans cinéma, seulement des activités touristiques telles la plage, les tours de bateaux, restaurants et boutiques de vêtements, de céramiques et de souvenirs. Si on ne travaille pas, le temps peut être long et Rome est quand même à quatre heures de distance. Aussi, Positano est une ville morte l'hiver. De novembre à mars, on ne retrouve qu'une fraction des 3000 habitants, car un grand nombre d'entre eux partent en voyage pour éviter le froid et la pluie.

Je n'exclue pas essayer de rester pour une longue période de temps dans une autre ville, mais j'ai absolument besoin de la mer alors je crois que la même situation se représenterait ailleurs.

Également, après trois mois en Italie, je commence à m'ennuyer de chez moi. Autant que Montréal et le Québec m'ennuient à mourir après quelque temps, autant que j'ai hâte d'y retourner après quelques mois. Je suis fondamentalement une nomade. J'aime changer d'environnement, de culture, de langue, de pays, de continent, rencontrer de nouvelles personnes et vivre de nouvelles expériences.

Une solution possible, passer deux mois en Europe vers la fin de l'hiver. Mais pour cela je dois réaliser ma troisième résolution de 2013. Ma première résolution était de vivre à Positano pour trois mois. Check. Ma deuxième était de vendre ma maison. Check. Maintenant vient ma troisième résolution, obtenir un certificat en traduction pour attirer plus de clients et obtenir plus de contrats. Lorsque j'aurai mon certificat, je pourrai alors envisager de passer quelques mois en Europe tout en travaillant à distance via internet. Le meilleur des deux mondes!

Alors la porte n'est pas fermée sur Positano, l'Italie et l'Europe. Mon expérience a été très enrichissante et je sais maintenant un peu plus ce que je veux et ce que je ne veux pas. Tout est possible et je garde l'esprit ouvert, car je sais que l'année prochaine à pareille date, je vais m'ennuyer à mourir à Montréal et au Québec et je vais vouloir repartir!

Dernières photos:









Jeudi, après 5 heures de voyage en autobus et en train, je suis enfin à Rome et après deux mois et demi à être au bord de mer et au paradis, il fait bon de me promener dans cette magnifique ville, entourée de vie, de mouvements et d'oeuvres d'art!

Dernière pizza chez Pucci à Piazza Navona

Entre deux films, Daniel Craig travaille au resto Pucci!


Merci de m'avoir suivie pendant les trois derniers mois et j'aimerais continuer à écrire sur mon blogue pour partager avec vous mes expériences à venir, car j'ai peut-être vendu ma maison, mais je n'ai rien trouvé encore! Stay tuned!

Gros bisous et à très bientôt,

Une nomade dans l'âme xxx...