Une histoire de dos


I miei amici, I miei amori,

Le mystère de la salade de pommes de terre a été résolu. Les oignons crus sont les coupables et je vous assure que les oignons italiens sont féroces. Mon dilemme fut alors, quoi faire avec la tonne de salade de patates dans le frigo ? Pas question de la mettre à la poubelle, cela serait criminel, alors je l'ai foutue dans un poêlon pour la faire frire dans de l'huile d'olive jusqu'à ce que les oignons soient bien cramés. Croyez-le ou non, c'était délicieux. Et à part trois petits rots, aucun problème de digestion. Une mésaventure à oublier.

Maintenant pour ce qui est de mon dos, tout a commencé vendredi dernier. En réalité, j'ai développé une faiblesse au bas du dos lorsque j'ai commencé à travailler sur mon livre en arrivant à Positano. Taper à l'ordinateur pendant quatre ou cinq heures, quatre jours de suite causera chez n'importe qui des maux de dos. Ayant déjà une faiblesse, lorsque vendredi dernier, en allant au Caffè La Brezza, je me suis penchée pour flatter un des chiens du monsieur que je rencontre tous les jours prenant sa marche de santé (photo de la semaine dernière), mon dos a claqué. Le sourire crispé, je réussis quand même à tourner ma tête et à dire buongiorno au monsieur. Je réussis ensuite à me déplier tranquillement sans un mot. Les cris de douleur, les jurons et les reproches se faisaient tous entendre dans ma tête. Je me rendis quand même au café, car j'avais un message à afficher sur mon bloge et il est impossible pour moi de concevoir que je pourrais être absente à notre rendez-vous hebdomadaire! J'avoue cependant que le travail a été expéditif, car je tapais sans dire un mot, mais les sueurs qui coulaient sur mon front indiquaient le niveau de douleur que j'endurais.

Aujourd'hui, le mal de dos est un problème qui n'est pas encore réglé! Sept jours à être couchée sur le dos. Impossible de m'assoir ni d'être debout pour plus de cinq minutes et je ne vous décrirai pas mes peines et misères aux toilettes! Alors voici un résumé de ma semaine :


Vendredi

Samedi

Dimanche

Lundi

Mon voisin, ayant vu l'état dans lequel j'étais, m'a apporté de la nourriture presque tous les jours. J'ai tellement de gourganes que je pourrais me propulser jusqu'à Rome et tellement de citrons que je pourrais ouvrir un kiosque de limonade, mais il faudrait que j'engage quelqu'un pour la vendre, car si je m'en occupe moi même, je devrai me coucher sur le dos les genoux dans les airs à côté du kiosque et cela causerait une confusion à savoir qu'est-ce qui est vraiment offert à 1 euro!




J'ai marché pour la première fois lundi en fin de journée. Très, très lentement, je me suis rendue jusqu'au port de Positano. Tout un exploit! Qu'est-ce qui est encore difficile aujourd'hui ? M'assoir pour plus de cinq minutes, éternuer et aller aux toilettes.

Mardi matin, je prends mon courage à deux mains et je pars vers mon salut, la drogue de la pharmacie la plus proche! À pas de tortue, je me rends saine et sauve au centre de Positano avec le dos qui tire un peu trop à mon goût. Une fois les anti-inflammatoires et antiacides en main, j'arrête au marché pour acheter quelques provisions de bases et Carlo le livreur (le remplaçant de Roma) me suit jusqu'à la maison, une grosse boîte pleine sur ses épaules. Je réussis à monter les escaliers, je suis rendue.

Aujourd'hui, je peux être debout sans trop de misère pendant une dizaine de minutes en me retenant sur les murs, les chaises, les tables, le comptoir…




Mercredi, beau temps encore une fois. Mon voisin me rend visite pour voir si mon état de santé s'améliore et mentionne que la drogue que je prends est très bonne et que je devrais aller mieux dans trois jours. J'espère seulement qu'il a raison. Je suis toujours sur le dos, mais j'ai trouvé le moyen d'écrire. Cela fait une semaine que je n'ai pas travaillé sur mon livre et je commence à me sentir coupable! Je vais avoir bien des pages à taper sur l'ordinateur en revenant à la Montréal.




Jeudi. Depuis deux nuits je dors très bien jusqu'à 4 h lorsque mon dos fait une crise de nerfs et je dois me tortiller dans tous les sens avant de me rendormir. Ce matin, je me réveille pour la deuxième fois à 7 h et je sens que mon corps ne supporte plus d'être couché. Cela fait six jours que je suis sur le dos et tout ce que je veux faire est prendre une marche. Mon corps se lève, s'habille, se brosse les dents, se donne un coup de peigne et part, non pas pour une marche de santé mais, pour une marche de convalescence. Rendu au port, mon dos rouspète, mais je continue. Je passe devant Il Duomo et sur Via dei Mullini, qui je vois marcher 30 mètres devant moi ?  

« Giovanni! Come stai amore ? Dov'eri questa settimana ? », je dis tout haut avec les bras dans les airs comme si je voulais enlacer un grand ami perdu de vu depuis des mois.

Giovanni s'arrête, se retourne et me regarde pour quelques secondes constatant ma présence et poursuit sa marche de santé! Les hommes qui se rendent au travail me regardent d'un drôle d'air, mais je leur dis bonjour quand même avec un grand sourire, car je suis vraiment heureuse et soulagée de revoir Giovanni. Une inquiétude de moins. Cependant une nouvelle inquiétude la remplace, car il y a une odeur de merde insupportable à la grande plage. Oh boy! Un petit problème d'égout peut-être ?

J'ai reçu aujourd'hui un autre panier de légumes. Pommes de terre, gourganes, bébés artichauts, citrons.  



Ce midi je prépare ce que j'appelle un lunch Proutprout. La préparation est longue, car il faut écosser et peler les gourganes fraîches et il faut également préparer les coeurs d'artichauts. Mais ensuite c'est facile, rapide et délicieux! 


Lunch Proutprout

Ingrédients :

Gourganes écossées et pelées
Coeurs de bébés artichauts coupés tranchés 
Oignons
Gousses d'ail coupées en morceaux faciles à retirer
Peperoncino
Jus de citron
Persil haché
Copeaux de fromage Parmesan, Grana Padano ou Pecorino (optionnel)
Huile d'olive
Sel

Préparation :

Pour préparer les coeurs d'artichauts, enlever les feuilles jusqu'à ce que vous voyez la base blanche. Couper la tête de l'artichaut pour enlever la partie verte des feuilles (ne pas couper la partie vert pâle qui est tendre). Nettoyer le pied de l'artichaut avec un couteau pour enlever le reste des feuilles et voir que la chair blanche. Trancher en longueur les coeurs et les déposer dans un bol d'eau citronnée (pour pas qu'ils noircissent). Si vous ne trouvez pas de bébés artichauts, mais seulement des gros, suivre les mêmes étapes, mais avant de les couper en tranches, couper les en deux pour retirer le foin avec le bout d'un couteau et ensuite les couper en tranches.


Préparation des artichauts






Préparation des gourganes



Dans une poêle, faire sauter les oignons, les morceaux d'ail et le peperoncino dans de l'huile d'olive. Retirer les morceaux d'ail avant qu'ils brunissent. Lorsque les oignons sont tendres ajouter les gourganes et les artichauts (les sécher dans un essuie-tout avant de les déposer dans la poêle). Saler au goût. Ajouter jus de citron au goût. Faire sauter jusqu'à tendreté et léger brunissement. Ajouter persil. Servir avec copeaux de fromage si désiré.  

Malgré les ingrédients proutprouts, puisque tout le monde est cuit, pas de problème de propulsion non désirée! Bon, peut-être quelques pets silencieux, mais attention ils puent. Vous aurez été prévenus...



En ce vendredi matin, j'ai de bonnes nouvelles. J'ai réussi à dormir toute la nuit sans interruption et je semble être beaucoup plus solide lorsque je suis debout. Les toilettes sont toujours un lieu de supplice, mais je vois finalement la lumière au bout du tunnel! Je suis au Caffè La Brezza (qui veut dire « La Brise ») pour finaliser mon blogue. Heureusement, j'ai pris le temps tous les jours d'écrire un petit quelque chose pendant cinq minutes alors je n'aurai pas à me tortiller trop longtemps sur ma chaise. En passant, l'odeur de merde est partie. Fiouf!

Finalement, je n'aurais pas pu choisir une meilleure semaine pour me reposer, car il n'y a pas eu de rénovation chez le voisin, un orage nous est tombé sur la tête samedi dernier, j'ai pu lire d'excellents romans, j'ai trouvé une façon raisonnablement confortable pour écrire et la vue féérique, le son de la mer qui me berce et le soleil qui réchauffe ma peau pendant que je suis allongée sur ma terrasse me comblent de bonheur. Malgré mon dos, j'ai passé une semaine merveilleuse à parfaire l'art de dolce farniente!

Je reprends vie tranquillement pas vite!


Bonne fin de semaine et je vous rappelle qu'il ne me reste que trois semaines au paradis.

Diane